J’ai été le Roi du Monde…

C’était la toute première heure du tout début des congés d’hiver, et nous devions nous retrouver tous les trois chez Tania. Nous avions rendez-vous avec  Syrenn. Le champagne était au frais, les fleurs posées sur la table du salon. J’attendais mes deux amantes. La sonnette n’a pas fonctionné, horrible hasard qui les a fait attendre au-dehors alors que je n’attendais qu’elles au-dedans. Rires, embrassades, et joie de se retrouver… tous les trois. Impatience aussi, qui fait que très vite nous sommes montés à l’étage… J’avais imaginé que je les déshabillerais calmement, méticuleusement, en faisant naître à chaque geste un désir de caresses. Tania m’avait même envoyé un texte imaginant ce doux moment… Il n’en a rien été, mais qu’importe…. La salle de bains les a livrées à moi nues, fraîches à croquer, souriantes et déjà détendues. Il nous a fallu nous retrouver, ce n’était que notre seconde rencontre. La première fois, nous étions quatre, deux hommes, deux femmes… Syrenn était venue avec son Ange, indisponible ce soir. Les mains retrouvèrent vite la douceur de nos corps, et les bouches le goût de nos sexes. Très vite, elles se sont retrouvées dans les bras l’une de l’autre, comme si le manque trouvait enfin une réponse, après ces semaines d’absence. La douceur de leurs gestes, la langueur de leurs baisers m’enchantaient. Lorsque leurs caresses se précisaient et leur soutiraient des soupirs de bonheur, je n’avais d’ yeux que pour elles et souhaitais  les voir jouir à n’en plus finir. Leurs cheveux roux et bruns mêlés dans de longs baisers avides, leurs deux sexes qui se retrouvaient l’un contre l’autre pour de longues et vibrantes étreintes m’enivraient. Puis l’une après l’autre elles se tournées vers moi, me faisant l’objet de leurs désirs. L’une et l’autre devrais-je dire. Ensemble. Et là, j’ai basculé vers un ailleurs fantasmé depuis toujours. Des cheveux roux noyaient mon ventre pendant que sous les cheveux bruns une langue cherchait la mienne. Deux bouches avides et aimantes s’ingéniaient à me donner du plaisir. Déjà, je commençais à chavirer. Puis, Syrenn et Tania s’allongèrent côte à côte, complices et gourmandes. Des mains me caressaient, je caressais le sexe doux de Syrenn d’une main et le corps de Tania de l’autre. Quand dans les yeux de Syrenn, je lus le désir et l’acceptation dans ceux de Tania, mon sexe trouva son chemin presque naturellement. Je connus alors l’indicible bonheur de donner du plaisir à cette femme magnifique sous le regard et les caresses de Tania, pour un vrai partage, qui se lisait dans nos yeux à chaque instant. Nos mains se serraient, j’aurais voulu les prendre toutes les deux, les posséder, les faire jouir ensemble dans un même soupir. Pendant un long moment, je  me suis senti un autre, hors de moi, hors du moi que j’étais avant… J’étais le roi du monde, serré entre elles deux, leur visages contre le mien, les dévorant de petits baisers émus, éperdu de reconnaissance, inondé de bonheur. Nos caresses se sont poursuivies, après le plateau repas, et une nouvelle coupe de champagne. Puis je les ai quittées, à regret,  les laissant à leurs caresses, pour toute une nuit de douceurs infinies. Elles étaient nues, en bas de l’escalier, émouvantes, et pleines d’envies encore…Elles m’ont embrassé, et m’ont laissé filer. Jusqu’au prochain rendez-vous…

Lettre à Tania :

« Le plaisir m'a engourdi, anesthésié. Je suis bras ballants, le cœur serré d'émotion, le  cerveau embrumé d'images toutes plus belles les unes que les autres. Mes mains gardent en mémoire la douceur de vos corps brulants sous nos caresses. Mes lèvres aspirent encore les sucs de vos sexes humides. Mes yeux cherchent les étoiles dans tes yeux, le sourire sur ses lèvres. Mon ventre palpite encore au souvenir de vos cuisses qui m'enserrent. J'ai chaviré, j'ai fait naufrage...Que le sable était bon sous moi, que l'écume était forte. Le capitaine s'est abandonné. Les sirènes ont eu raison de lui....
Était-ce seulement possible un tel bouleversement des sens? Un tel amour? Donner sans compter et recevoir au centuple...sans fin..............oublier, s'oublier, se laisser flotter, se laisser emporter dans la joie, la confiance en l'autre.
 Comment te le dire encore? Remercier n'a pas de sens ici...Nous étions un, deux, trois, tout en un, tout en deux, tout en trois...Tu étais ma reine quand j'étais le roi du monde...Ma reine qui m'a permis d'aller au delà, de moi, du tout...d'aller me chercher où je n'existais pas. Y compris dans les bras d'une autre, et jusque dans son ventre...tout cela dans une absolue douceur.
Ces mots sont un peu décousus, je les  laisse filer, sans les travailler, comme hier je laissais filer les baisers, les caresses, porté par  un flux permanent jailli de mes tripes, qui me libère, et me laisse inerte à la fois.
Roi du monde, disais-je en riant, parce que parfois le rire cache une émotion trop forte. Je veux. J'ai eu. Plus que le raisonnable, plus que mon imagination pouvait espérer. Sans substance bizarre,  sans drogue, sans alcool, ou si peu...Juste l'envie, juste l'amour, le désir de se fondre dans l'autre, d'être l'autre. Une expérience rare, que je te dois. Nous avons poussé la porte d'un autre monde...Tu en avais la clé. Une clé en cinq lettres tellement usées : A, M, O, U, R. C'est pourtant avec cette clé que tu as ouvert mon cœur et mon corps hier soir. J'ai encore des baisers fous rien que pour toi. Je te serre très fort dans mes bras, à t'écraser contre moi ma Tania. »

Milo, l’élément masculin de Demondamour